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Réflexions

Combien d’argent jetez-vous dans vos poubelles chaque année?

À l’École d’Entrepreneurship de Beauce, on aime trouver des gens qui pensent en-dehors de la boîte et les inviter à partager leur expérience avec nos étudiants, les entrepreneurs-athlètes. Récemment, en mission de recrutement, j’ai fait la rencontre d’Yves Proteau, président d’APN Global, un manufacturier de Québec qui fabrique des pièces pour le secteur de l’aéronautique.

Cette entreprise est une référence dans l’industrie 4.0. L’intégration d’outils technologiques de pointe à tous les niveaux de l’entreprise l’amène à des gains de productivité épatants. Des gens de partout viennent voir comment fonctionne cette usine pas comme les autres, qui se sert de l’information recueillie par la technologie pour continuellement améliorer sa productivité.

Au bout d’une heure de conversation, M. Proteau me lance que, malgré toute l’intelligence humaine et artificielle qui s’active dans l’usine, son indicateur de performance numéro un, c’est la grosseur de ses poubelles! Pas le nombre de pièces qu’il produit chaque jour, pas le coût par pièce, pas la profitabilité, pas le nombre de nouveaux clients. Non, j’ai bien entendu: la poubelle!

Tout ce qui peut être utilisé à nouveau ou recyclé obtient une deuxième vie chez APN Global. Ainsi, la diminution de la taille du bac à ordures signifie que l’usine est ultra-performante.

C’était la première fois que j’entendais parler d’un tel indicateur de performance et je me suis mise à penser aux bienfaits sur l’environnement s’il était adopté par tous les entrepreneurs. Quand on pense que 58% de la production alimentaire au Canada est jetée [1]; quand on se rappelle que des détaillants découpent les vêtements invendus et les jettent aux poubelles: on se met à rêver, comme Yves Proteau, de voir les tonnes d’ordures se métamorphoser en matières premières. Gaspiller moins, c’est produire moins. La profitabilité s’en trouve augmentée et la planète mieux préservée.

Les entrepreneurs auront un rôle de premier plan à jouer ces prochaines années dans la protection de l’environnement. À la fin du Programme Émergence et à la fin du Programme Élite, ils ont garni leur coffre à outils d’entrepreneurs, et ils ont aussi développé des habiletés relationnelles, en plus de mieux équilibrer leur vie. Aussi, ils sont devenus plus soucieux d’agir positivement dans leur communauté. À côté de la charité, ajoutons dans notre espace mental une place pour un petit bac à ordures! Il n’y a pas d’excuses: chaque entreprise est en mesure, à même ses poubelles, de créer un impact positif et durable pour l’environnement, qui appartient à la communauté. Chaque entrepreneur a la capacité de faire du bac à ordures un indice clé de performance.

[1]Étude de Second Harvest 2019

Article originalement publié dans le magazine Entreprendre en janvier 2020