Les entreprises doivent s’ajuster à l’accélération de l’inflation
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Hélène Bégin Économiste principale, Mouvement Desjardins
Depuis l’an dernier, les entreprises sont confrontées à une hausse rapide de leurs coûts. La demande pour les biens et les services est forte, alors que les contraintes d’offre s’accentuent, entraînant une accélération des prix. D’ailleurs, la pression a monté d’un cran depuis le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Les deux pays sont d’importants producteurs de denrées agricoles, ce qui se reflète déjà sur les prix mondiaux des aliments. La plupart des matières premières, dont les métaux et l’énergie, sont aussi affectées par le conflit.
L’état de la situation au Canada
Le prix des matières premières a bondi de plus de 40 % en mars au Canada par rapport au même mois l’an dernier. Les prix du pétrole, des produits agricoles et des métaux ont aussi fortement progressé. Le ralentissement de l’économie mondiale devrait bientôt modérer la demande et permettre une certaine stabilisation du prix des ressources et des produits transformés.
Outre le prix des intrants, les entreprises doivent également faire face à des coûts de transport élevés (maritime, aérien et terrestre). Les coûts d’approvisionnement et de distribution de la plupart des industries sont ainsi gonflés.
Pression à la hausse sur les salaires
S’ajoute ensuite la progression plus rapide des salaires des employés. Après le choc initial de la pandémie qui a fait grimper le taux de chômage à un sommet, la récupération du marché du travail a été complétée rapidement. Au Québec, le taux de chômage a même atteint un creux en mars 2022, soit 4,1 % et le salaire horaire moyen a bondi de plus de 5 % sur un an.
Deux facteurs exercent une pression sur les salaires.
Le manque de main-d’œuvre incite les entreprises à accorder des hausses salariales supérieures afin de retenir les employés et en attirer de nouveau.
L’accélération de l’inflation fait en sorte que les travailleurs exigent davantage que les augmentations offertes par le passé.
Qui dit changement, dit adaptation
Alors quoi faire? Dans ce monde incertain et imprévisible, il faut développer des organisations agiles et résilientes. Tiré de notre magazine Être d’avenir, des entrepreneurs chevronnés nous donnent leurs conseils pour mieux préparer leur entreprise.
Ma job, à l’interne, c’est de détecter et de résoudre rapidement les problèmes, peu importe leur nature (produit défectueux, client insatisfait, machine brisée). Quand il y a de l’agilité, le cycle rapide de résolution peut s’appliquer tout autant à l’externe. Donc, s’il arrive un krach boursier ou un changement de politique tarifaire, la vitesse du cycle de résolution est capitale.
Marc Dutil
fondateur et président du CA de l’EEB et président et chef de la direction du Groupe Canam
Ce n’est plus un one-man show. On a besoin de l’expertise de tous, et les membres de l’équipe doivent avoir une compréhension plus large de l’entreprise. Donc, il faut que plus de cerveaux soient à l’affût des changements. Le partage de l’information prend plus de temps, mais c’est fini les silos, et les spécialistes deviennent plus généralistes.
Jean Laflamme
président de Meubles South Shore
Se transformer, autant dans le modèle d’affaires que dans la manière d’offrir ses services, doit maintenant être vu comme un mode de fonctionnement.
Geneviève Biron
présidente de Propulia Capital
Il faut être curieux, vif d’esprit et bâtir des relations à long terme. C’est ce qui fait la différence. Les relations, c’est au-delà des projets à réaliser. Cet entourage solide permet de traverser les périodes d’adversité.